Après la chute d’un ascenseur jeudi à Paris, ayant tué un ouvrier et blessé trois autres personnes, des professionnels tirent la sonnette d’alarme.
Après une série d’accidents dus à la chute d’un ascenseur, dont un mortel intervenu jeudi à Paris, les professionnels du secteur alertent sur le manque de sûreté des appareils. «La sécurité des ascenseurs n’est pas effective», dénonce Hervé Lasseigne, président de la Fédération des indépendants experts et Bureaux de contrôle ascenseurs (Fiebca).
Voté en 2003, le plan de modernisation des ascenseurs prévoit pourtant qu’à l’issue de trois dates butoirs (2010, 2013 et 2018), tous les appareils du parc résidentiel et des immeubles de bureau devraient être aux normes. Mais, face au coût souvent élevé des travaux (entre 5000 et 10.000 euros par ascenseur pour la première tranche et jusqu’à 30.000 euros en moyenne pour les travaux réalisés avant juillet 2013), certaines assemblées de copropriétaires tardent à les voter.
Les retards sont tels , que «15% à 20% des ascenseurs (surtout en copropriété)», qui auraient du être soumis à de nouvelles normes de sécurité avant fin 2010, n’ont pas encore été modernisés, selon la Fiebca. «La situation est très préoccupante, prévient Hervé Lasseigne, en cas d’accident, cela peut entraîner des conséquences en termes de responsabilité civile, voire pénale, pour les syndicats de copropriétaires», poursuit-il.
Les travaux de modernisation ne sont pas un gage de sécurité. Des nombreux ascenseurs rénovés restent dangereux, car «les traitements sont souvent incomplets». Ainsi, selon la Fiebca, 4,5% des appareils modernisés qu’elle a inspectés, présentent encore des problèmes au niveau des limitateurs de descente, à l’origine des accidents récents (rien n’arrête l’ascenseur, qui tombe). Et 7% d’entre eux ne respectent toujours pas les normes d’accès aux «locaux, machines et poulies». En 2011, la Fiebca a arrêté 3,6% des ascenseurs qu’elle a inspectés.
Erreurs humaines
Ces problèmes sont souvent dus à des erreurs humaines, qui pourraient s’expliquer par l’augmentation de la charge de travail des techniciens qui s’occupent des rénovations. «Au cours de ces dernières années, les ascensoristes ont multiplié par un et demi à deux le nombre d’appareils entretenus par un même technicien», souligne le président de la Fiebca.
Les dysfonctionnements des appareils auraient toutefois pu être détectés lors du contrôle technique quinquennal prévu par la loi. Mais, là aussi, les failles sont énormes. «Plus de 50% des ascenseurs n’auront pas passé le contrôle technique prévu avant la fin d’année», s’alarme Hervé Lasseigne.
Les pouvoirs publics ont pris conscience de la nécessité d’intervenir pour préciser les obligations des ascensoristes. Deux décrets sont actuellement au Conseil d’État. L’un prévoit de modifier le contrat d’entretien et l’autre de renforcer les contrôles techniques.